En janvier 2022, l’agglomération du Gard rhodanien a décidé de prendre de la hauteur pour s’attaquer à l’un des enjeux majeurs de la transition énergétique : l’isolation thermique des logements. En survolant 66 500 bâtiments à l’aide d’une caméra infrarouge embarquée dans un avion bimoteur, une thermographie aérienne a permis de visualiser les pertes de chaleur par les toitures — responsables d’environ 30 % des déperditions d’un bâtiment.
Le résultat est sans appel : 40 % des toits analysés présentent une isolation défaillante. Concrètement, cela signifie que plus de 26 000 bâtiments sont classés en catégorie de déperdition forte ou très forte (jaune et orange), et près de 8 000 en déperdition excessive (rouge). En contrepoint, seuls les bâtiments apparaissant en bleu foncé, bleu clair ou vert sur la carte affichent une bonne performance thermique. Cette carte interactive, accessible en ligne sur le site du Syndicat intercommunal d’information géographique (SIIG), ne remplace pas un DPE (diagnostic de performance énergétique), mais elle offre une base objective, visuelle et très parlante pour enclencher des démarches de rénovation.
Une urgence énergétique, climatique et économique
L’intérêt d’une telle opération dépasse largement la seule performance thermique. Dans un contexte de flambée des prix de l’énergie et de tensions sur l’approvisionnement hivernal, identifier les passoires énergétiques devient une priorité territoriale. D’autant que le logement représente 17 % des émissions de CO₂ du Gard rhodanien, principalement liées au chauffage, qui constitue à lui seul 65 % de la consommation énergétique d’un foyer.
Agir sur l’isolation, c’est donc agir à la fois sur le portefeuille des ménages, sur la réduction de l’empreinte carbone et sur la résilience énergétique locale. L’agglomération vise d’ailleurs la neutralité carbone à l’horizon 2050, un objectif ambitieux qui passe nécessairement par une rénovation massive du parc bâti.
Des conseils, des permanences, et des aides financières
Face à ce diagnostic à ciel ouvert, les habitants ne sont pas livrés à eux-mêmes. En cas de forte ou très forte déperdition détectée sur leur toiture, ils sont invités à consulter un conseiller énergie via la plateforme www.les-caue-occitanie.fr/gard ou par téléphone au 04 66 70 98 58. Des permanences sont également organisées dans les mairies du territoire et à la Maison Cœur de Ville de Bagnols-sur-Cèze, pour proposer un accompagnement gratuit.
Ces experts aident à construire un parcours de rénovation adapté, en tenant compte des aides disponibles. Qu’il s’agisse de MaPrimeRénov’, des Certificats d’Économie d’Énergie (CEE), des aides régionales ou des prêts à taux bonifiés, les dispositifs sont nombreux, mais souvent complexes. D’où l’importance de se faire guider.
Isoler ses combles, un geste essentiel
Parmi les travaux les plus efficaces, l’isolation des combles reste un incontournable. Pour les combles non chauffés, l’usage d’un isolant en rouleaux ou en vrac permet de limiter la déperdition par le plancher. Pour les combles aménagés, on pourra isoler sous les rampants ou opter pour une isolation extérieure plus performante mais aussi plus coûteuse.
C’est là qu’interviennent des professionnels spécialisés comme Comble Eco, qui accompagnent les particuliers dans la rénovation thermique des toitures en respectant les normes de la RE 2020. Leur savoir-faire est essentiel pour garantir des résultats durables et accéder aux subventions publiques. L’amélioration de l’isolation passe aussi par des gestes simples : purger les radiateurs, régler la température des pièces à 19°C, fermer les volets la nuit ou colmater les fuites d’air.
Une démarche collective pour un territoire plus sobre
Cette initiative du Gard rhodanien rappelle à quel point l’adaptation du logement est un levier clé de la transition énergétique. Trop longtemps reléguée au second plan, la performance thermique du bâti devient un enjeu prioritaire. Et cette fois, c’est à chacun d’agir : propriétaires occupants comme bailleurs, particuliers comme collectivités.
La thermographie aérienne, en rendant visible l’invisible, permet de mobiliser l’ensemble du territoire. Elle transforme une donnée abstraite — la performance énergétique — en un outil concret, consultable, actionnable. Un point de départ, certes, mais un départ décisif vers des logements plus confortables, plus sobres et mieux adaptés aux défis climatiques à venir.